Pourquoi prendre sa voiture quand on peut faire du stop ?

Je fais du stop depuis que j’ai 15/16 ans. Au départ, parce que mes parents ne pouvaient pas toujours m’emmener là où j’avais envie, où bien parce que je ne voulais pas payer le bus (lorsqu’il y en avait un) pour économiser mes petits sous. Au final, maintenant que j’ai le permis de conduire et un peu plus d’argent pour financer mes déplacements, je fais quand même régulièrement le choix de laisser la voiture au garage.

Après 6 ans d’expérience, je pense être une EXPERTE dans la matière (mais avant tout, amoureuse de cette pratique) et je voulais vous partager pourquoi ces petits moments de vie marquent la mienne.

Opportunités de rencontre 

Faire du stop me permet de rencontrer des gens que je n’aurais pas l’opportunité de rencontrer autrement. J’aime ces gens et je les respecte avant même de les avoir rencontrer, puisqu’ils s’arrêtent pour me faire rentrer dans leur intimité (l’espace confiné d’un voiture renforce son côté hautement privé voir individuel), je me dis direct que se sont des gens biens !

Et je ne me trompe que peu ! Rares sont les trajets où seuls timides sourires sont échangés. Je ne compte pas le nombre de lift que j’ai eu, ni même les kilomètres parcourus gratuitement, mais ce qui est le plus important pour moi reste la quantité énorme de gens incroyaux que j’ai eu la chance de rencontrer

 Un jour de marché à Dieulefit (26) : été 2019
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Pierre-Yves, journaliste et enseignant en journalisme. Intéressé par mes écrits sur Géo le fit, me donnant ses retours et conseils plus que précieux par mail.

J’aime le fait qu’on ne sache pas si qui on va tomber. Est-ce un ami que je n’ai pas revu depuis longtemps ou une voisine encore jamais rencontré ? Est-ce le patron d’une boite parisienne, ou une famille belge en vacances ? Et pourquoi pas un ancien joueur du Top 14 ou bien un rédacteur du routard venu découvrir la région. Aussi ce pourrait être une avocate travaillant sur une grosses affaires médiatisée ou bien un journaliste intéressé par mes projets. On ne peut pas le savoir !

Vous n’avez pas idée comme j’ai souvent été triste de ne pas poursuivre la conversation, ni comme j’ai pu parfois restée bouleversée par nos échanges tant ils m’avaient rempli.

Je ne compte pas non plus les opportunités de travail qui se sont offert à moi ou que j’ai offert aux autres, ni le réseau de personne brillantes que j’ai pu me créer (ou que j’aurais pu me créer si j’avais un peu plus de jugeote à 16 ans.) Quoiqu’il en soit, que la rencontre soit juste un échange bref et agréable ou bien une longue conversation intense qu’on tente de poursuivre au maximum en faisant chacun un détour, chaque personne a rendu ma journée plus chaleureuse voir totalement marquante.

Écologique et social 

Je choisi le stop lorsque je n’ai pas beaucoup d’affaire à transporter, que je ne suis pas malade, quand je n’ai pas d’impératifs horaires et qu’il fait jour, ou bien que je ne serai pas seule dans la voiture. Ça me rend malade l’idée de prendre la voiture en dehors de ces cas, car j’ai vraiment l’impression d’être une flemmarde bourgeoise privilégiée, individualiste et matérialiste (j’exagère à peine). 

Alors oui, le stop marche très bien pour moi, surtout car je le pratique dans la Drôme et que je suis jeune et jolie (lol). C’est sûrement pour ça que je trouve ce mode de déplacement si génial. Le temps de trajet est quasiment le même qu’en une seule voiture. Quand quelqu’un veut faire un détour pour moi, même pour 2 km, je dis souvent non (à part si la conversation est trop intense) car quelqu’un d’autre va sûrement me récupérer quelque minutes après seulement. Je fais du stop car cela me semble écologiquement primordiale

Au delà de l’aspect écologique, le stop est une pratique fondamentalement sociale, de par la rencontre et l’ouverture à l’autre. 

J’étais beaucoup limitée dans ma vie sociale de par ma timidité et j’avoue que le stop m’a pas mal aidé, surtout vis à vis des relations avec les adultes. Bon, évidemment que ça ne fait pas tout. La pratique du théâtre et la psychologie ont été les vrais leviers de progrès pour moi, mais disons que rencontrer des inconnus régulièrement et me sentir intéressante aux yeux de grandes personnes n’a fait que conforter cela. Et même si je n’ai plus les mêmes problématiques qu’il y a 5 ans, ça fait toujours du bien à l’égo aujourd’hui.

Réalité du déplacement

La pratique du stop me permet de prendre du recul quand à la réalité du déplacement. C’est peut être un peu philosophique, ou du moins géographique (au sens scientifique du terme évidemment), mais cette pratique met en lumière notre rapport au temps et à l’espace. Cela me fait prendre du recul, moi, qui ait accès au déplacement aussi facilement que je le veux puisque j’ai le privilège d’être assez riche pour pouvoir allouer de l’argent à autre chose qu’à ma survie.

Faire du stop me permet de prendre de la distance sur le fait de se déplacer en me rappelant et en me prouvant que cela peut être “difficile” mais que c’est possible. Je me détache de mon confort individualiste, en ne sachant ni combien de fois et combien de temps je vais attendre, ni à quelle heure je serai arrivée. En soit, c’est un peu la continuité de ma démarche minimaliste. Tout comme le choix de ne pas avoir de smartphone, ça peut être parfois compliqué, mais les avantages sont nombreux. Ça remet en place la notion d’effort pour avoir ce que l’on veut (dans un monde où l’on a tout en claquant des doigts.)

Je trouve aussi de la satisfaction lorsque je suis au bord de la route à attendre une voiture. Ce sont des moments durant lesquels je peux me concentrer sur moi et sur mon environnement immédiat. Ces instant sont précieux puisque je n’ai rien d’autre à faire que de vaquer à mes pensées et réflexions. Rien d’autre à faire que flâner, ce qui ne m’arrive pas souvent le reste du temps !

Il ne m’arrive que très peu de m’énerver face à une attente prolongée, car c’est le jeu ! On ne peut pas tout avoir tout de suite. On ne peut pas toujours aller aussi vite que la fois dernière. Parfois je me motive en me disant que plus j’attends, plus la personne qui me prendra sera exceptionnelle… Et devinez quoi, c’est toujours le cas !

Aux environs de Crest (26) : juillet 2019
Compagnon de route de Titouan, breton revenu de voyage au Népal. En vadrouille dans le sud de la France dans une petite Peugeot achetée 500€ sur le bon coin .

Finalement, je ne saurais que vous conseiller la pratique du stop, même si je ne voudrais pas qu’il vous arrive malheur à la suite de cet article. Car on me dit souvent “mais tu n’as pas peur ??” Non. Je n’ai pas pas peur, je ne comprend même pas réellement les appréhensions de certain.e.s qui me disent que je m’expose inconsciemment à du danger. 

Je sais que je pourrais tomber sur des fous, mais dans la rue ou en allant me baigner à la rivière aussi. Pourtant, je n’ai encore jamais eu peur d’aller boire un verre avec mes ami.e.s ou de faire une rando en solo. 

Et puis je me fais confiance ! Si je ne le sens pas j’invente un prétexte pour ne pas monter dans la voiture, mais il me semble que ça ne m’est arrivé qu’une seule fois. Tout simplement parce que l’absolue majorité des personnes qui s’arrêtent pour rendre service à quelqu’un sont fondamentalement bienveillantes !

Si tu as lu l’article jusqu’au bout (merci ♥), dis moi si tu as déjà fait du stop :
– Si oui, dans quelle région ? Est-ce que tu as une voiture ? Quelle est la personne la plus extraordinaire que tu aies rencontré ?
– Et si non, pourquoi ? Est-ce que tu aimerais essayer ? Quelles sont tes appréhensions si tu en as ?

Ciao ♥ passe voir mes autres articles ou mon compte instagram si le cœur t’en dit !

7 réflexions sur « Pourquoi prendre sa voiture quand on peut faire du stop ? »

  1. Chère collègue auto-stoppeuse,
    Je fais du stop comme toi depuis ma seconde, à la base c’était pour éviter la longue attente du bus et arriver à l’heure à l’entraînement de tennis de table. A mon extrême surprise, je suis rentré dans un monde qui m’a passionné, je ne pensais pas que j’allais en faire mon moyen de déplacement principal.

    J’ai exactement la même pensée que toi (ça en fait presque peur) vis à vis de la voiture : j’en ai une, je l’utilise le moins souvent possible.

    Je pense à trop de monde quand on me dit exceptionnel.le.s, mais globalement qu’ils le soient ou non, que je me souvienne ou non de leur tête ou de leur discours, ils ont tous marqué une petite empreinte dans mon être de tous les jours. C’est magnifique, et incroyable, car dans chaque trajet fait, j’ai accumulé une petite part ou une grosse de ce que la personne voulait m’offrir.

    Comme toi j’étais parfois chamboulé au point de devoir écrire un poème ou une prose sur la rencontre, des choses presque pas partageables. Mais si on en a l’occasion j’adorerai échanger ces histoires, car nous avons tous de sublimes expériences à raconter.

    ❤️

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    1. Cher collègue auto-stoppeur ! Merci infiniment pour ton message. C’est trop chouette qu’on partage les mêmes expériences ! Serait-ce indiscret de te demander dans quelle région tu pratique le stop ?

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      1. J’ai commencé en Drôme provençale un peu dans toutes les directions, j’ai fait Bordeaux-Croatie, du Lyon – Paris, Lyon-Toulon, Lyon-Bordeaux, Lyon-Cologne, Lyon-Bruxelles, Eindhoven-Aix-en-Provence… J’en ai fait depuis la Drôme aussi pour aller dans les mêmes bleds.
        L’année prochaine le but serait de commencer un voyage en stop sans destination précise et de me laisser porter pendant deux mois autour de toute la France.

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      2. Oh mais trop bien ! J’ai jamais fait à l’étranger (faut dire que je n’ai pas encore eu beaucoup l’occasion de voyager).
        C’est une trop bonne idée ! Moi aussi j’aimerais bien flâner en France mais j’ai peur de ne pas assez sortir de ma zone de confort, c’est pour ça que je voulais surtout partir à l’étranger cette année. Mai j’avoue que je ne suis pas trop à l’aide à l’idée de faire du stop toute seule à l’étranger…

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      3. Merci pour ton enthousiasme et merci pour avoir partagé tous tes articles d’ailleurs 🙂
        Si je peux donner quelques expériences ; mon premier voyage en stop à l’étranger je l’ai fait avec un ami (étranger lui aussi d’ailleurs). C’etait le voyage le plus difficile mais aussi le plus enrichissant que j’ai fait. Et le fait de ne pas avoir été seul en stop à l’étranger à sûrement beaucoup aidé. Depuis je suis capable de voyager dans toutes les conditions, même les plus inconfortables. En parlant de zone de confort justement.. 🙂

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  2. Petite pensée pour les passionné.e.s d’auto-stop depuis Toulouse sur la route Medoc-Dieulefit. Arrivée dans la nuit si tout va bien 🎉🙏

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